26 févr. 2016

Mon premier accompagnement à la naissance en tant que doula #2

Finalement voici la suite et fin du récit de mon premier accompagnement en maternité.
Tu peux retrouver la première partie ici.

Je récupère les enfants à la sortie de l'école et rentre à la maison avec eux. Durant le trajet, je leur explique que je vais devoir partir pour un accouchement. Elles connaissent mon travail car nous en avons beaucoup parlé. Elles ne sont pas inquiètes et me posent des questions sur le futur bébé, si je connais déjà son prénom et ce genre de choses.
On dîne. Je n'ai pas faim. Je plane un peu. Je mange quand même un bout de pain parce que je me dis que la journée va être longue.

Il est 13h. Mister Spéculoos rentre enfin. J'ai l'impression que cette journée a commencé il y a trois jours.
Je suis super excitée et en même temps, j'ai immensément peur. Loin de me distraire, le retour des petits Spéculoos m'a un peu isolée. Elles jouent ensemble et se préoccupent peu de moi.
Je donne à Mister Spéculoos quelques indications sur la situation à la maison. Je dis que je ne veux pas y aller. Je lui demande si il croit que je vais être à la hauteur.
Je prends mes deux sacs et je monte dans la voiture. Je redescends pour embrasser encore une fois les enfants et Mister Spéculoos qui sont déjà plongés dans leur après-midi à quatre.

Je remonte dans la voiture et je démarre.

Je roule jusqu'à la gare pendant près d'une demie heure. 
Je trouve un endroit où me stationner et je cours comme une dingue jusqu'au train. Je monte dedans et les portes se ferment immédiatement. Le contrôleur refuse de me vendre un billet dans le train, parce que c'est nettement plus cher. A la première gare, où je suis sensée effectuer un changement de train, je cours de nouveau comme une sotte jusqu'au guichet pour acheter mon ticket. Je me demande si ça valait la peine d'aller courir ce matin. Je me demande aussi si il était nécessaire de prendre une douche avant mon départ.
J'achète mon billet et je me rends calmement sur le quai pour attendre le train suivant. Enfin le train pour Bruxelles entre en gare. Le wagon dans lequel je suis montée est presque vide. Je profite des vingt minutes de trajet pour échanger quelques informations sur cette naissance avec ma marraine de stage. J'aime l'idée de la tenir au courant de mes aventures, et surtout son message de soutien et d'encouragement me fait chaud au coeur. J'ai l'impression d'être moins seule face à cette grande aventure. 
Je m'arrête un instant. A me lire tu dois croire que je n'avais pas envie d'aller à cette naissance. Bien sûr j'étais heureuse. Mais en même temps, c'était stressant. J'avais peur de ne pas savoir assez, de ne pas pouvoir apporter aux parents accompagnés ce dont ils avaient besoin, ce pour quoi ils réclamaient ma présence. Et en effet, c'est bien compliqué de prévoir ce dont ils auront besoin. Nous avions discuté de ma place, du pourquoi et comment ils me voyaient à leurs côtés pour ce grand évènement. Je ne partais pas à l'aveugle, loin de là. Mais je ne voulais pas les décevoir. Je voulais leur offrir le meilleur. Et ça c'est un sacré défi à relever!


Source: joylilworld.com

Pendant que le train roule, je fredonne une chanson de ma playlist du matin.
Je sens que ça va être une toute bonne journée. Je sens que malgré le ciel gris, malgré la menace de déclenchement, c'est une journée pleine d'espoir, une journée où l'on va effleurer le bonheur du bout des doigts. Une journée où je vais faire mon métier.




J'arrive à Bruxelles. Je sors à la bonne gare. Ce qui déjà me semble prometteur.
Je me rends au guichet pour demander où je dois prendre mon bus pour la maternité. Le monsieur m'indique l'arrêt du bus, situé juste devant les portes de la gare. 
Il fait froid. J'attends. 

J'attends encore. 
J'attends un peu plus. 

Je ne comprends pas pourquoi le bus n'arrive pas. Je vérifie le numéro de la ligne. C'est le bon. Je vérifie son trajet et je me rend compte que j'attends le bus qui va dans le mauvais sens. 
Je trouve le bon arrêt de bus et cinq minutes plus tard, je monte dans le bus en direction la maternité... et d'une infinité d'autres arrêts. 
J'achète mon billet. Je demande au chauffeur si il s'arrête bien à la maternité. Autant être absolument sûre. Ce n'est pas comme si j'avais plusieurs fois vérifié le numéro de ligne ou le trajet du bus depuis ce matin. Il me dit que oui mais que je dois descendre à un autre endroit à cause de travaux sur le trajet habituel de la ligne. Je lui explique que je ne sais pas où je dois descendre. Il me répond que je reconnaîtrai la maternité de loin vu que c'est un gros bâtiment. Il me dit aussi qu'il essaiera de me prévenir mais qu'il risque d'oublier avec tout les va-et-vient dans son bus. 
Il est gentil, mais pas très utile du coup:

Je me dirige vers le milieu du bus. L'écran indiquant les futurs arrêts est en panne.
Le bus roule. Il s'arrête. Il redémarre. Des gens montent. D'autres descendent. C'est la grosse foire. Mes deux sacs, pourtant pas bien gros, m'encombrent. 
Je stresse, pas pour l'arrêt mais parce qu'on y est presque.
Le bus est presque vide. 
Je m'approche du chauffeur. Il me sourit. Je demande si c'est bien le prochain arrêt et il confirme que nous y sommes. Il prend le temps de m'indiquer que nous sommes derrière la maternité et quelle rue prendre pour arriver à l'entrée. Je me dis qu'il est super gentil. Ou alors que j'ai l'air complètement débile. Mais je choisis la première option. Je le remercie.

Je descends du bus. Avec mes deux sacs.

Je me dirige vers la maternité. Je contourne la maternité. Je tremble un peu parce qu'il fait froid. C'est vraiment un gros bâtiment. J'accélère le pas. Je remonte tout le parking. Je vois enfin l'entrée où je me suis déjà rendue avec les futurs parents pour visiter le service de maternité.

Je rentre dans l'hôpital. Je cherche les ascenseurs. Je ne les trouve absolument pas. Je sais que je dois me rendre au deuxième étage. Je tourne un peu. Je finis par demander aux informations. En même temps, je me dis que si ils ont mis un comptoir d informations, c'est que personne d'autre ne trouvait ces fichus ascenseurs.
Les ascenseurs sont cachés derrière la boutique. Je trouve la boutique et les ascenseurs. J'appuie sur le bouton pour appeler un ascenseur. Il y en a trois. C'est celui de gauche qui arrive le premier. Je monte dedans. Il y a une infirmière.
Tout à coup j'ai chaud et je tremble.
Je ferme les yeux. J'essaie de me concentrer. J'essaie de pratiquer une respiration calme. J'essaie de trouver mon centre. J'essaie de me relier à la Terre Mère. Mais c'est pas simple dans un ascenseur qui monte. Et puis c'est pas long deux étages. J ai envie de dire à l'infirmière que je suis doula et que c'est mon premier accompagnement en maternité. Mais je me dis qu'elle s'en fout.
L'ascenseur s'arrête.
Les portes s'ouvrent.

Je sors et j'ai vraiment peur. Je me demande ce que je fais là. Je me demande si ma présence est légitime. Et puis...  j'ouvre la porte du service de maternité. Je vois les petits panneaux qui indiquent où se trouvent les chambres. Et tout va bien. Je respire encore une fois profondément. Je me dis que finalement si c'est une grande étape pour moi, ce l'est encore plus pour les parents. Ce qui compte maintenant, c'est H. qui m'attend dans sa chambre. Ce qui compte ce n'est plus moi. Je deviens doula. J'entre dans mon travail. Je suis là pour les accompagner eux. Avec mes limites et mes besoins mais ce qui compte vraiment, c'est de les accompagner et être présente pour la naissance de leur bébé,comme ils le désirent. N'être dans leur histoire qu'un accompagnement, m'effacer du devant de la scène pour permettre à leur histoire de s'écrire.

Et c'est ce qui se fait tout naturellement. La peur et le stress restent là, au milieu du couloir, abandonnés... alors que je pousse la porte de la chambre 206 pour que s'écrive l'histoire de la naissance d'Ismaël. 




Merci à ses parents... du fond du coeur.



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4 commentaires:

  1. Très joli texte ou l'on sent beaucoup d'authenticité ! J'aime beaucoup ❤️ Quel beau métier!

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    1. Merci Edith! Plus j'avance et plus j'aime ce metier que j'apprivoise. J'espere un jour vivre cela encore plus densement avec beaucoup de couples a accompagner et de belles naissances dont je pourrais etre le temoin! Mais une chose a la fois...

      La bonne nouvelle, la maman me demande d'ecrire la suite de cette naissance. Il va falloir patienter un peu mais j'espere la poster courant du mois de mars.

      Tres beau week-end a vous!

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  2. Ah la voilà la suite! Je sens vraiment l'excitation dans le rythme de ton texte, je sais que je la vivrai bientôt... (j'étais architecte dans mon ancienne vie ;)

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    1. Merci pour ton commentaire et ton enthousiasme!
      La suite sera tres prochainement publiee... un peu de patience encore!
      A bientot

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