22 sept. 2015

Des grossesses et des corps



Image - Liliana Taboas

Vendredi j'ai lu le très intéressant article de Marie de Mamans testent - d'ailleurs je t'ai mis un lien sur ma page Facebook.

Cet article m'a touché. Un peu, beaucoup.
Ce n'est pourtant pas le premier article que je lis sur le corps... fréquemment dans la blogosphère, enfin dans la mienne, celle des blogs que je lis régulièrement, sort un article, joliment écrit sur ce corps qui reste après l accouchement.


Ça m' a pas mal travaillé ce week-end cet article. Ça a beaucoup tourné.

J'ai pensé à moi, à mon corps. J'ai pensé aux mamans que j'accompagne. J'ai pensé à toutes ces femmes autour de moi, proches ou inconnues. J'ai pensé à tous ces corps de femmes. Déformés, pour un instant de grossesse, ou marqués à vie.

J'ai pensé aux femmes qui ont peur, déjà avant la grossesse parce que leur corps va changer, se transformer. C'est injuste. Nous les femmes apprenons très tôt, trop jeune, à dompter ce corps. Et c'est dur pendant la grossesse de lâcher prise et d'accepter sans rien dire que ce corps se transforme. Ce corps que nous avons sculpté à grands renfort de privation, de course à pied, de cours de tout et de rien... voir de sessions de déhanchés endiablés en soirées (ça compte aussi, hein).
La femme enceinte voit son corps se modifier sans aucun pouvoir dessus. La poitrine et le ventre bien sûr, mais parfois les doigts, les pieds, les jambes,... c'est jackpot!

Le post-partum est sans doute un des moments les plus durs. Les hormones qui font du yo-yo. La difficulté de s'adapter à un nouveau bébé. Et puis ce corps qui reste, vide mais pas comme avant. Ce corps qui est fatigué de plusieurs mois de travail intense, de plusieurs heures d'accouchement. Ce corps qui a parfois cédé, qui n'a pas tenu comme on l'aurait souhaité, qui nous a déçu. Césarienne, pré-éclampsie, cholestase gravidique,... autant de mots où tout s'enchaîne, où l'on perd pied, où notre corps nous abandonne, nous fait défaut. Où ce corps joue contre nous.
Il y a quelques mois, Marjolaine du blog Marjoliemaman parlait de pardonner à son corps. Son billet m'avait aussi beaucoup parlé. Et au-delà du pardon, au fur et à mesure que les mois passent et que l'enfant grandit, le corps se remet... ou pas.


Image - Liliana Taboas


Que reste-t-il de ces 9 mois? Parfois rien. Parfois seulement une légère modification de la silhouette. Parfois beaucoup trop de kilos. Et nous sommes toutes différentes. Et c'est injuste encore une fois. Certaines ont du temps, de la volonté, certaines sont plus jeunes, d'autres ont plus d'aide ou un bébé moins "compliqué". Certaines ont juste un métabolisme qui travaille pour elles. D'autres encore sont plus grandes, et moi qui fais 1m63 (et demi, j'y tiens) je sais que si je prend deux kilos, c'est plus visible que sur ma copine qui fait 1m85 - mais je ne suis pas jalouse, du tout!
Certaines allaitent. D'autres non. Mais parfois, celles qui allaitent ne perdent pas. Et même, certaines prennent du poids en allaitant - paf le mythe de l'allaitement qui fait maigrir.

Et puis la fatigue, encore et toujours. Est-ce seulement une excuse? Nous avons toutes à construire nos vies au-delà de nos corps, au-delà de nos enfants, au-delà de notre rôle de mère. Que ce soit nos carrières ou nos vies sociales. Le temps est juste plus court quand on est mère. 
On nous demande de ne pas nous plaindre et de ne pas tout vouloir en même temps. Mais on nous demande aussi d'être tout à la fois: épanouie, sociable, carrièriste, mère parfaite. Et mince. Et ce sans nous en donner les moyens. Il n'existe pas à ma connaissance de salle de sport avec crèche intégrée en Belgique par exemple. 
Alors laissons aux femmes du temps. Du temps pour se trouver en tant que mère et se retrouver en tant que femme. Du temps pour réapprivoiser ce corps.

Image Liliana Taboas

Ce week-end, comme tu le vois, j'ai pas mal pensé.
Ce week-end, encore une fois, j'ai eu cette sensation d'être entièrement à ma place en tant que doula. 
Parce qu'au-delà de ma présence auprès des parents que j'accompagne, par mon engagement, je crois réellement que permettre aux femmes d'accoucher dans le respect, c'est poser les fondations d'une société plus belle et plus respectueuse. 
Michel Odent a dit "la révolution colostrale est en marche"  et je veux y croire!


Rendez-vous sur Hellocoton !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire