3 sept. 2015

Ma premiere fois...

Nous vivons des premières fois. Tout le temps. Certaines premières fois sont grandes, très grandes comme rentrer en primaire (ok je suis assez dans le trip en ce moment avec mon 2eme spéculoos qui a fait le grand saut avant-hier). D'autres passent juste inaperçues. Une première fois, vraiment importante, tu t'en souviens toute ta vie. Cette sensation, ces sentiments, cette peur... ça reste là, au creux de toi. 

Ma première fois en tant que doula, c'était... terrorisant.
Allez je te raconte.

J'ai d'abord suivi une formation de 9 modules comme je te l'ai déjà raconté (sinon pour ceux du fond qui ne suivent pas, c'est ici). Après, pour intégrer l'AFDB il faut faire un stage. Ce stage valide la théorie en quelque sorte. Ce n'est pas obligatoire, tu peux voler de tes propres ailes. Mais l'AFDB, c'est quand même une organisation où tu es épaulée et aussi une sorte de vitrine. Je ne vais pas te mentir, il n'y a pas 10 000 personnes qui sonnent à ma porte tous les jours pour être accompagnées. En Belgique en plus, les doulas sont encore peu nombreuses et non reconnues, alors autant se regrouper!
Bref, j'ai choisi de faire ce stage. Parce que ça me permet de me sentir légitimée dans ma nouvelle orientation. Alors en fait c'est peut être juste moi qui ai un problème avec le besoin d'être dans mon droit et de surtout avoir fait ce que je "devais" (je t'ai déjà dit que mon papa est policier?).

Le stage consiste à accompagner trois couples durant leur grossesse. Et par une sorte de miracle dont le prénom commence par un E., j'ai rapidement été mise en contact avec une famille qui désirait être accompagnée par moi, Julie, doula en stage. J'étais super heureuse.
Cette première rencontre devait avoir lieu après mes vacances. Bon mes vacances on ne va pas s'éterniser parce que j'ai une soupe à faire, c'était bien!
Mais quand je suis rentrée en Belgique, c'est devenu moins bien. Une partie de moi était très angoissée à l'idée de rencontrer ces futurs parents. Et l'autre partie était hyper détendue, genre "ouiiiiii ça va aller! Ca va être super". Je dirais que cette part de moi devait être très bourrée, je ne vois que ça comme explication pour être aussi relaxe face à une rencontre pareille. Je veux dire, ça allait être un vrai moment fondateur pour mes accompagnements quoi!

Ce jour-la, c'était un jeudi et j'ai passé la journée avec mes enfants. Normal. Je n'étais pas vraiment détendue, tu t'en doutes. 
A la fin de la journée, je me suis préparée. Qu'allais je porter comme vêtements? Ce pantalon clair un peu large. Ou alors ce jeans slim? Avec la blouse violette. Oui mais elle ne va pas avec le pantalon gris. Je prend mon gilet? Ok il fait chaud mais si ils ont la clim? J'ai facilement essayé la moitie de ma garde robe. A ma décharge, c'était fin juillet et on était en pleine canicule.
Avant de partir, j'ai juste grignoté une ou deux lamelles de poivron. 
Puis je suis partie. Vraiment.
Trajet 35 minutes. 10 fois, 15 fois, non ok je vais être honnête avec toi... 50 fois j'ai voulu m'arrêter, voir faire demi-tour. 35 fois j ai cru que j allais vomir mes malheureuses lamelles de poivrons (quelle idée aussi de manger des poivrons). Une fois aussi, j'ai pensé que je pourrais faire de ce trajet un billet pour mon futur blog (je te le dis que ca travaille dur là-dedans).
Et si ils ne m'aimaient pas. J'aurais jamais du mettre un jeans. Et si je les décevais. Franchement, il fait chaud avec ce gilet soi-disant léger. Oh non je dois faire pipi. Et ces poivrons qui ne passent pas! Ils vont me trouver inutile, c'est sûr. Parce que ma formation, c'est une base. Après je peux étoffer, offrir plus, avoir l'expérience... mais pour le moment, c'est comme cette plaque de Lego, tu sais la grande base sur laquelle tu te dis que tu vas construire une maison super, sauf que tu n'as jamais assez de blocs pour faire la maison dont tu rêves. Ben là, tu prends ta plaque et puis tu montes des murs bleus pour du massage bébé, verts pour de l'aromathérapie, roses pour... (attends moi j ai un triplé de poulettes ici et je sais qu'il existe des Lego roses maintenant). Ou alors tu peux mélanger les couleurs, quelques blocs jaunes, d'autres bleus et puis des roses (si, si, j'y tiens aux roses). Mais être doula, c'est "juste" être. Serait ce assez?
Tout en retournant ces idées, j'ai fini par arriver à l'adresse donnée. Je me suis garée. J'avais encore quelques minutes devant moi, j'ai envoyé un message à mes copines "apprenties-doulas" pour leur dire que ça y était, que j'allais faire le grand plongeon. Leurs encouragements m'ont rassuré.
Enfin, je suis sortie à 17h57 de ma voiture en espérant que la fenêtre de leur appartement ne donne pas sur la rue et que je ne sois pas cataloguée comme la fille qui arrive 18 minutes à l'avance à ses rendez-vous. J'ai fermé la voiture. Trois fois. Parce que c'est un verrouillage central et que j'aime être sûre que c'est bien fermé. Je me suis avancée vers l immeuble. J'ai un peu cherché leur nom sur la sonnette pour trouver le numéro de leur appart. La grille était ouverte, je suis entrée dans le jardin. J'ai doucement monté les marches jusqu'au premier étage en disant bien bonjour au monsieur qui balayait. Je me suis avancée vers la porte bordeaux, et avant même que j ai pu sonner la porte s'est ouverte. J'étais devant un paire de Converse noires.




J'ai relevé la tête. J'ai souris et.... je suis rentrée dans ma vie de doula.

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