Mon premier accompagnement à la naissance en tant que doula #1

Il y a deux semaines donc, je t'annonçais sur ma page Facebook que j'étais de garde pour une naissance. Un couple de futurs parents avait décidé d'être accompagné de sa doula - moi - à la maternité lors de la naissance de leur enfant.

De toi à moi, j'étais méga-vachement-totalement heureuse de leur choix. Il y a des doulas qui préfèrent travailler en préparation à la naissance, d'autres veulent se concentrer sur le post-partum. Bien que j'aime énormément ces deux parties aussi, mon trip à moi c'est la naissance. Mister Spéculoos trouve ça interpellant, la plupart des gens pensent que c'est plutôt compliqué à gérer - et de fait, niveau organisationnel ce n'est pas simple - mais moi j'adore cette idée de pouvoir accompagner les parents dans ce moment -là!

Je te rassure tout de suite, j'accompagne avec bonheur les parents qui ne désirent pas ma présence à l'accouchement. Et j'ai aussi beaucoup de plaisir à accompagner les parents uniquement dans le post-partum. Mais franchement la magie de la naissance, l'attente de cet appel qui peut survenir n'importe quand,... c'est un tel shoot d'adrénaline!

Je crois que j'ai trouvé ma nouvelle drogue... après le sniffage intensif du crane de mes petits Spéculoos.

Je vais donc te raconter cette première aventure.

Mercredi matin, je dépose les petits Spéculoos à l'école. Tout va bien.
La veille, je me suis mise en mode de garde pour #petitbébéaccompagné3. Pour ce premier accompagnement en maternité, j'ai décidé de bloquer les quinze jours avant et après la date prévue d'accouchement.

Le ciel est gris et il pleuvote mais je pars tout de même courir. Sur ma playlist les chansons se succèdent et me mettent en forme. Dans mes oreilles résonne "Open Season" de Josef Salvat.

Je cours. Durant tout mon running, je suis concentrée sur la naissance qui se profile. Depuis quelques jours je bouquine sérieusement mes livres de doula, principalement ceux traitant de mon rôle durant le travail et l'accouchement. Je pense et repense à ce que je peux faire pour aider les parents lors de la naissance. Je répertorie mes forces, mes faiblesses, et ce que je pense devoir explorer davantage.

Je me sens prête malgré tout pour apporter tout mon soutien à ce couple. Je me sens positive et j'ai confiance en moi, en eux et en l'équipe que nous formerons pour l'arrivée de leur bébé. Dans mon immense élan de positivisme je me sens carrément proche des sages-femmes.

Source: Pinterest

Je cours toujours. Je vois l'arrivée de ce bébé comme un renouveau, une immense célébration de l'humanité.
Ok, je crois que j'ai assez couru. Je n'en peux plus et clairement je délire. Je rentre.

A la maison, je commence mes étirements. Jambe gauche, jambe droite, re-jambe gauche... la totale quoi!

Mon téléphone fixe sonne. Il est en haut sur ma table de nuit. J'ai dormi avec puisque je suis de garde et que notre réseau GSM n'est pas fameux. Les futurs parents ont donc consigne de me contacter via mon fixe. Je monte à l'étage mais le temps que j'arrive (pour tout te dire, j'étais affalée par terre dans le salon en train de faire des abdos - oui il faut une sacrée condition physique pour être présente à un accouchement paraît-il et ce jour là visiblement je me prenais pour Rocky). Donc le temps que j'arrive, le téléphone a fini de sonner. Je me dis que ce n'est pas bien grave. C'était sans doute ma copine A. Elle rappellera ou alors je la contacterai plus tard.

Mon GSM sonne alors en bas... Ça, c'est bizarre. Mon coeur cogne un coup très fort dans ma poitrine. Immédiatement je pense à H. et K., le  couple que j'accompagne.

En effet, ils sont à la maternité. Ils m'apprennent que l'accouchement sera déclenché le lendemain.

Mon coeur bat très très très vite. Ça y est. J'y suis. Cet accouchement devient tout à coup réel.

Immédiatement, je répond aux parents que j'arrive. Je raccroche. J'appelle Mister Speculoos qui est au travail. Je lui explique la situation et nous nous organisons pour la suite de la journée. C'est mercredi. Les petits Spéculoos rentrent à midi. J'irai les chercher à la sortie de l'école, puis quand Mister Spéculoos sera rentré vers 13h, je partirai. Le plan est bon.
Reste à savoir comment je m'arrange pour me rendre à Bruxelles. Je n'ai pas envie de partir en voiture. Je n'aime pas conduire dans cette ville, s'y garer relève de l'héroïsme avec ma voiture - pardon mais j'ai trois enfants et je vis à la campagne, je ne conduis donc pas une Smart. De plus, des travaux semblent boucher toute la circulation à l'intérieur de la capitale. Je décide de partir en train.

Je monte à l'étage et je vide l'intégralité de mon sac de maternité sur mon lit. Ce sac, je l'ai poutant préparé avec amour le week-end précèdent. Je vérifie ce qu'il contient et je remet tout dedans. Je me rend compte que je suis toujours en tenue de running. Je rentre dans la salle de bain. Il y fait mourant de chaud. Je préfère attendre un peu.
Je contacte ma tante qui vit à Bruxelles afin de savoir si je peux passer la nuit chez elle. On papote. Elle décide de vérifier les lignes de transport en commun entre son appartement et la maternité. On raccroche. Le téléphone sonne à nouveau. Ma belle-mère prend de nos nouvelles. Je ne sais pas quoi lui dire car je suis surexcitée. Mais j'essaie d'être à peu près cohérente dans mes propos. Je raccroche.
Je décide de vérifier à nouveau mon sac de maternité. Je suis confuse sur quoi emporter.
Mon GSM siffle - ce qui me signifie que j'ai un message. Ma copine S. me propose des dates pour un souper entre filles, qui pourra être annulé si je suis appelée à l'accouchement prévu. Je lui réponds immédiatement que l'accouchement c'est maintenant et que je suis méga excitée. Elle répond qu'elle comprend. On ne fixe aucune date pour un souper.
Je refais mon sac de maternité.
Ma tante me rappelle et me donne toutes les informations pour mes trajets.
Je prends finalement ma douche. J'ai envie de pleurer dans la douche tellement la vie est trop belle. Ce bébé va naître! Je crois que mon corps et ma tête ne sont pas du tout fait pour gérer cette situation de stress et d'émotion intense.

Je me glisse dans ma tenue de "birthdoula". Cet accouchement est une excellente excuse pour me ballader en tenue de yoga. Je me mets un peu de mascara afin d'être présentable.

J'essaie de glisser mon livre "The Doula Book" ainsi que mon cahier de notes pour l'accompagnement à l'accouchement dans mon sac. Le sac est trop petit. Je ressors tout: la mini trousse de toilette, les barres céréales, les deux petits essuies, les livres, mes vêtements de rechange, les pailles, le porte-monnaie,... Je réfléchis à ce qui est utile d'emporter. Je réalise que j'ai besoin de tout pour me rendre à cet accouchement. Je pense à Liliana Lammers qui n'emporte que son carnet d'adresse et son téléphone portable pour se rendre aux naissances qu'elle accompagne. Je pense aussi que Liliana a 17 ans d'expérience qui parlent pour elle.

Je prends finalement deux sacs pour partir.

Je tourne un peu en rond dans la maison. Je tente de joindre ma marraine de stage pour la prévenir. Je tombe sur son répondeur, elle travaille sûrement.

Il est temps de récupérer les petits Spéculoos à l'école.

Dans la cour de récréation, en les attendant, j'ai un sourire immense et je plane complètement. J'ai l'air un peu shootée je crois et une maman me demande si je vais bien.
Je vais super bien que je réponds.

[to be continued...]