Debout contre l'îlot de ma cuisine, leur petits pas qui courent dans la pièce au-dessus, leurs voix qui rient dans la salle de jeux, les noms improbables de leurs chevaux Playmobils qui dessinent un sourire distrait sur mes lèvres,...
Mes enfants sont mes racines, et mes ailes, dans ce monde de fou.
Ma tête qui tourne et résonne depuis hier matin. Cette impression étrange de flotter et en même temps d'être brutalement attachée à la terre, à mon sol, à mon pays, alourdie par la réalité.
Se réveiller légère en ce 22 mars, pour entamer la semaine internationale des doulas. Heureuse d'être doula en exercice depuis la veille.
Et puis les nouvelles qui tombent et mes pensées qui ne peuvent plus sortir de ce brouillard.
Minute après minute, heure après heure ressentir le soulagement au fur et à mesure que les gens donnent signe de vie sur Facebook ou via d'autres médias sociaux. Les sms qui fusent, les messages qui volent comme des petites plumes rassurantes "nous allons bien".
Passer la journée sans être réellement là, pleurer en écoutant les infos presque en boucle. Être choquée, être triste, pleurer encore en entendant les témoignages des victimes.
Prendre le temps de serrez dans mes bras les Petits Spéculoos qui sortent de l'école. Leur parler. Écouter leurs mots, leur peur, leur tristesse, leur étonnement. Répondre à leurs questions sans mentir mais sans les inquiéter. C'est dans ce monde qu'ils vont devoir vivre, grandir et naviguer. J'ai beau le refuser ce monde, c'est mon rôle de maman de les accompagner sur ce chemin et dans cette réalité.
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Peler les carottes en pleurant, en pensant à ces gens qui ne rentreront pas ce soir chez eux. Ces gens qui allaient peut-être eux aussi manger des carottes... être dégoûtée des carottes.
Pensez à ces familles endeuillées, attristées et leur envoyer tout mon amour, tout mon soutien... silencieux mais comme des ondes toutes douces.
Penser que ça arrive trop souvent, un peu partout.
Rire au souper avec elles, les câliner au moment du coucher. Enfouir mon nez dans leur cheveux et les sniffer jusqu'à oublier.
Et puis se retrouver à deux avec une lueur inquiète dans les yeux. Et savoir qu'il reste infiniment de brumes à venir...
Et pourtant, pourtant...
Me lever ce matin avec un part de tristesse toujours, mais surtout avec la certitude renouvelée que l'humanité est belle. Que chaque homme porte la douceur en lui.
Je veux y croire. C'est pour ça que je fais ce beau métier de doula. Parce que je veux croire que le respect apporte le respect, l'amour, la bienveillance. Naître dans le respect. Donner naissance dans le respect. Grandir dans le respect. Travailler dans le respect des autres et de soi... Donner aux autres ce qu'on reçoit tout simplement.
Je crois que mon métier peut faire une différence dans ce monde. Pas seule mais avec toutes les autres doulas, nous travaillons à un monde plus beau en respectant la naissance et la période périnatale. Une naissance à la fois.
J'ai envie de croire que l'humanité est infiniment plus belle que ce que certains nous montrent...
J'ai décidé de croire que le monde se réveille, que tous ces courants qui bougent autour de nous en ce moment, ces désirs d'un retour vers une vie plus respectueuse de la terre, de la nature et de l'homme vont continuer à grandir.
Si il n'y a pas l'espoir, finalement il n'y a plus rien. Les changements sont lents, très lents mais j'ai décidé d'y croire.
J'espère que vous allez tous bien, ou du moins le mieux possible... et j'envoie beaucoup de pensées et de douceur aux victimes et à leur familles.
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